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Un chez-soi d’abord – Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal)


Résumé

Le programme expérimental « Un chez-soi d’abord » offre aux individus en situation d’itinérance, présentant des problématiques de santé mentale et faisant face à des difficultés personnelles, l’opportunité d’accéder directement à un logement stable tout en bénéficiant d’un accompagnement vers la réinsertion. Gérée par la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) en lien avec les administrations centrales concernées, cette expérimentation permet l’accès à un logement sécuritaire sans recours à un centre d’hébergement temporaire. Une fois les personnes hébergées, une équipe médico-sociale multidisciplinaire assure un suivi quotidien afin de faciliter les soins et favoriser la réinsertion sociale. L’objectif est d’offrir un accompagnement global en faveur du rétablissement social, sanitaire et humain, tout en priorisant le choix individuel.

Thèmes

Santé mentale
Hébergement transitoire
Accompagnement et soutien communautaire
Mots-clés
Itinérance, logement, réinsertion sociale, rétablissement, accompagnement, stabilité, santé mentale.

Description

Nature / type
Programme
Date d’adoption, de création et d'entrée en vigueur

En 2011, le programme expérimental « Un chez-soi d’abord » a été lancé en France par les ministères responsables de la santé et du logement, sur quatre sites, soit à Marseille, Lille, Toulouse et Paris. Ce dispositif a été le précurseur du plan de lutte contre le sans-abrisme appelé le plan « Logement d’abord »1,2,3

Date(s) de modification
2016

En 2016, un décret relatif aux dispositifs d’appartements de coordination thérapeutique « Un chez-soi d’abord » est entré en vigueur. Ainsi, l’expérimentation est devenue « une politique publique inscrite dans le Code de l’Action Sociale et des Familles »3

2017

En 2017, la pérennisation des quatre sites expérimentaux a eu lieux3.

Responsabilité du programme, de la loi ou de l'organisme

L’expérimentation est « pilotée par la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) en lien avec les administrations centrales concernées, soit les directions générales de la Santé (DGS), de la Cohésion sociale (DGCS), de la Sécurité sociale (DSS), de l’Organisation des soins (DGOS) et de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Paysages (DHUP) »5.

Programme intersectoriel
Oui
Lieu
France
Spécifications lieu
France, Marseille, Lille, Toulouse et Paris.

Objectifs

Objectif du programme, de la loi ou de l’organisme

L’objectif principal du programme est d’offrir aux personnes sans-abris un logement rapide et un suivi médico-social quotidien afin de les aider dans leur réintégration sociale2.

Ce programme vise également à alléger les prises en charge sur le plan social, médical, de l’addictologie et du logement6.  

Initiative du programme, de la loi ou de l'organisme

Ce programme est né en continuité avec l’approche « Logement d’abord » (aussi appelée Housing first) développée aux États-Unis et au Canada. Il repose sur des objectifs et des approches semblables1,2,3.

Les personnes en situation d’itinérance vivent en moyenne 30 ans de moins que la population générale et le tiers des personnes vivant dans les rues souffrent d’un problème de santé mentale. Le programme en soi a été initié en tant qu’expérimentation en France afin de valider l’importance du logement pour les personnes en situation d’itinérance ayant des problèmes de santé mentale8.

Assise théorique du programme, de la loi ou de l'organisme

Ce programme expérimental repose sur une perspective du rétablissement (recovery)1.

Les interventions dans le programme reposent sur « une approche basée sur des preuves » 3. Il repose également sur la réduction des risques et des dommages en lien avec les personnes en situation d’itinérance avec un problème de santé mentale3. Puis, la création d’un filet de sécurité pour les personnes vulnérables est au cœur des pratiques et des valeurs de ce programme7.

Il repose sur 8 principes conducteurs:

  1. Le logement est un droit fondamental ;
  2. L’accès rapide à un logement ordinaire ;
  3. Le choix par la personne de son agenda et de son offre de service ;
  4. Un engagement d’accompagner la personne autant que nécessaire ;
  5. Un accompagnement centré sur la notion de rétablissement ;
  6. Le développement d’une stratégie de réduction des risques et des dommages ;
  7. Un engagement soutenu, mais non coercitif ;
  8. La séparation des services de logement et de traitement.
Conceptualisation de la réinsertion sociale

Ce programme vise principalement un rétablissement social, sanitaire et humain. Il repose sur le développement d’une approche positive de la santé mentale en renforçant les compétences personnelles, l’estime de soi et les activités enrichissantes qui favorisent l’inclusion sociale2,3,6.

« Le rétablissement en santé mentale est une démarche personnelle et unique visant à changer son attitude, ses valeurs, sentiments, etc. et qui remet en question l’hypothèse pessimiste selon laquelle la maladie mentale serait incurable, n’évoluant au mieux que vers une amélioration des symptômes. C’est la façon de vivre une vie satisfaisante et utile, où l’espoir a sa place malgré les limites imposées pour la maladie »3.

Moyens utilisés pour atteindre la réinsertion sociale

Les moyens pour atteindre la réinsertion sociale passent par une pluralité d’offres de services, dont des services à domicile, lors d’hospitalisations ou d’incarcérations, et ce, pour une multitude de besoins2,3.

Fonctionnement

Qui est responsable de l’application du programme ou de la loi?

Une équipe pluridisciplinaire comprenant des professionnels de la santé (psychique, somatiques, addictologie) du secteur social, de la gestion locative et des médiateurs de santé pairs est responsable de l'application du programme expérimental3,5,8.

Population visée
Personnes en situation d’itinérance
Personnes présentant une problématique de santé mentale
Détails concernant la population visée

Il n’existe aucun critère ni étape préalable afin d’obtenir un placement dans un logement rapidement3.

Fonctionnement du programme, de la loi ou de l’organisme

Les étapes de la mise sur pied du programme:

  • Le repérage : Il s’effectue avec l’ensemble des équipes de maraudes sociales et les diagnostics psychiatriques sont posés par des psychiatres des Équipes mobiles psychiatrie précarité ;
  • Présentation de la recherche : Un dossier dans lequel figurent les critères d’admissibilité est adressé à l’équipe de recherche qui, après vérifications, rencontre les personnes leur précisant l’objet de la recherche en leur demandant si elles acceptent de faire partie de la recherche ;
  • Consentement : Rencontre avec un médecin dans le but de recueillir le consentement éclairé de la personne à participer à l’expérimentation ;
  • Classement de la personne : Un tirage au sort place la personne dans le groupe expérimental (logé) ou dans le groupe contrôle (non logé) ;
  • Rencontres : Les personnes des deux groupes seront rencontrées par l’équipe médicale tous les six mois durant 2 ans, ce qui permettra de vérifier s’il y a une réduction des inégalités sociales sur le plan de la santé entre les personnes non logées et celles devenues sous-locataires.
Résultats attendus et observés

Résultats attendus1,2,3 :

  • Que les participants terminent le programme en étant logés et accompagnés dans leur réinsertion sociale.

Résultats observés2,3 :

  • Jusqu’à présent, 353 personnes ont été logées et accompagnées ;
  • Plus de 85 % des personnes qui ont participé au programme sont toujours logées et accompagnées (2 ans après la fin de leur programme) ;
  • Sur une période de 5 ans, 70 000 visites à domicile ont été effectuées par les professionnels (en moyenne une visite par semaine par personne) ;
  • Une diminution des coûts entre 14 000 et 15 000 euros par année et par personne, lorsque comparé à la prise en charge traditionnelle ;
  • 20 % des personnes ont été accompagnées vers une formation professionnelle, un emploi ou des activités de bénévolat.
Coûts liés au programme ou à l’organisme

Par année, le coût pour le suivi de 100 personnes est de 1 700 000 € avec une équipe de 11 personnes à temps plein8.

Financement

Le financement de ce programme provient en totalité de l’État par les Agences régionales de santé et les Directions déconcentrées de cohésion sociale8.

« Le financement est bicéphale : d’une part, l’Assurance maladie agit dans le volet de l’accompagnement et, d’autre part, l’État opère au sein du volet “logement”. Ces deux sources de financement scellent une coresponsabilité multipartite entre l’Assurance maladie, les agences régionales de santé (ARS), l’État local et l’État central »6.

Implantation
2018-2022

Entre 2018 et 2022, 16 nouveaux dispositifs ont été ouverts sur le territoire français3.

De 2019 à 2022, une phase expérimentale a été entamée pour le programme « Un chez-soi d’abord – jeunes ». Ce programme cible des personnes âgées de 18 à 25 ans se trouvant en situation d’itinérance ou à risque élevé de le devenir et présentant un trouble de santé mentale. Il a pour but de permettre à ces personnes d’accéder rapidement à un logement en location ou en sous-location. Il vise aussi à développer l’accès aux droits et à des soins efficients, à développer l’autonomie et l’intégration sociale4. Depuis 2019, 50 jeunes ont été accompagnés4.

2022

En 2022, après des années d’implantation et de succès, l’État français souhaite ouvrir un 16e site qui permettrait 2000 nouvelles places2,5.

Évaluation

Existence d’une évaluation

Oui3.

Organisme ou personne responsable

Programme expérimental qui est relié à une recherche médicale sous la responsabilité de l’Unité de recherche du professeur Auquier de l’Université Aix-Marseille3,8.

Évaluation indépendante

Non.

Méthode d’évaluation

L’unité de recherche du professeur Auquier de l’Université Aix-Marseille a réalisée une étude randomisée qui mesure les effets du programme sur la santé, le bien-être et l’insertion sociale des 353 personnes intégrées, ainsi que les coûts induits, par comparaison avec un groupe « témoin » de 352 personnes3.

Résultats et conclusion de l’évaluation

L’unité de recherche de l’Université d’Aix-Marseille a identifié plusieurs effets positifs du programme:

  • Une amélioration globale de la qualité de vie a été observée ;
  • Une utilisation plus adéquate du système de santé : les durées de séjour en hospitalisations ont diminué de 50 % ;
  • Une baisse des dépenses publiques : économies globales en lien avec les hospitalisations (70 % des coûts évités) et avec les structures d’hébergement (30 % des coûts évités).

Références

Références citées
  1. Moreau, D. et Laval, C. (2015). Care et recovery : Jusqu’où ne pas décider pour autrui? L’exemple du programme « Un chez-soi d’abord ». Alter9(3), 222-235. https://doi.org/10.1016/j.alter.2014.05.003
  2. Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et Ministère de la Transition énergétique. (2020, 28 septembre). Un chez soi d’abord. https://www.ecologie.gouv.fr/chez-soi-dabord 
  3. Dihal. (2017). Un chez-soi d’abord : Retour sur 6 années d’expérimentation. Ministère du Logement et de l’Habitat durable. https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2017/05/ucsa_a5.pdf  
  4. ABEJ Solidarité. (2021). Rapport d’activité. https://abej-solidarite.fr/abej-solidarite/en-savoir-plus/
  5. Laval, C. et Estecahandy, P. (2019). Le modèle « Un chez-soi d’abord » au risque de sa diffusion. Rhizome, 71, 101-110. https://doi.org/10.3917/rhiz.071.0101
  6. Estecahandy, P., Revue, P., Sénat, M. et Billard, J. (2015). Le rétablissement. L’exemple du programme français « Un chez-soi d’abord ». Empan, 98, 76-81. https://doi.org/10.3917/empa.098.0076
  7. Aubry, A., Baronnet, J. et Boisseuil, C. (2019). Un logement pour s’en sortir : paroles de précaires. https://doi-org.acces.bibl.ulaval.ca/10.3917/recsoc.230.0005  
  8. Vidon, G. et Antoine, J. (2013). De l’hébergement thérapeutique au « Un chez soi d’abord ». L’information psychiatrique, 89, 233-240. https://doi.org/10.3917/inpsy.8903.0233
Contact et personne-ressource

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BP 71088
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Téléphone : 03.66.19.09.70

Courriel pour l’admission : admission.act.ucsd@gmail.com

Dernière modification
Sep 22, 2023