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Mamowichihitowin Program


Résumé

Fondé en 2003 par le Hinton Friendship Centre, le Mamowichihitowin Program est principalement conçu pour aider les individus et les familles, qu’ils soient autochtones ou non, ayant vécu ou commis des abus sexuels intrafamiliaux. Ce programme adopte une approche holistique et multidisciplinaire, s’attaquant au problème des agressions sexuelles intrafamiliales à travers divers types de thérapies, telles que les thérapies individuelles, familiales, de groupe et de couple. Il offre une alternative à l’incarcération dans certains cas, tout en prenant en compte les dimensions historiques, culturelles et spirituelles des participants.

Thèmes

Justice alternative
Violence familiale
Mots-clés
Individus, familles, autochtones, non-autochtones, abus sexuels intrafamiliaux, approche systémique, approche holistique, approche multidisciplinaire, thérapie individuelle, thérapie de groupe, thérapie familiale, thérapie de couple, alternative

Description

Nature / type
Programme
Date d’adoption, de création et d'entrée en vigueur

Le programme a été lancé en 2003 par le Hinton Friendship Centre1,2.

Responsabilité du programme, de la loi ou de l'organisme

Le Mamowichihitowin Program est responsable d’offrir ses services à sa clientèle3,4.

Programme intersectoriel
Oui
Lieu
Canada, Alberta
Spécifications lieu
Canada, Alberta, Hinton, Edson, Grande Cache et Jasper

Objectifs

Objectif du programme, de la loi ou de l’organisme

L’objectif du programme est d’atténuer le phénomène des agressions sexuelles intrafamiliales et de favoriser le processus de guérison sur les plans émotionnel, mental, physique et spirituel, permettant ainsi des cellules familiales et des collectivités saines1,3,4.

Initiative du programme, de la loi ou de l'organisme

L’idée que les abus sexuels d’enfants étaient une situation préoccupante dans la région a émergé lors d’une discussion entre deux femmes travaillant pour le Hinton Friendship Centre. Dans le but de vérifier leurs préoccupations, elles ont procédé à une enquête auprès de la collectivité. Les résultats de cette enquête ont révélé l’ampleur de la violence sexuelle au sein des familles autochtones. Cependant, en raison de leur méfiance envers le système conventionnel, les communautés ne signalaient pas ces situations aux autorités. En réponse, les deux femmes ont décidé de créer un programme spécifiquement conçu pour les autochtones, en intégrant leurs cultures et leur processus de guérison1,3

Assise théorique du programme, de la loi ou de l'organisme

Le programme repose sur les principes de la roue de médecine et de l’enseignement fait par les aînés. De plus, les interventions reposent sur une approche holistique des individus, soit psychologique, physique, sociale et spirituelle1,2,3. La thérapie narrative, le modèle Risque-Besoin-Réceptivité (RBR), le Good Lives Model, la thérapie cognitivo-comportementale, ainsi que d’autres modèles et théories sont également utilisés dans le cadre du programme3.

« The family is viewed as a system in which individuals strive to maintain balance. Any change in one part of the system has implications for every other member. The system may include immediate family, extended family, and even the community as a whole, depending on the context »1.

Conceptualisation de la réinsertion sociale

La réinsertion sociale n’est pas spécifiquement définie par le programme. Toutefois, celle-ci pourrait passer par une vie saine sur le plan émotif, mental, physique et spirituel1.

Moyens utilisés pour atteindre la réinsertion sociale

Pour atteindre la réinsertion sociale, le programme offre différentes formes de thérapies holistiques et permet aux participants de réintégrer graduellement leur milieu familial1.

Fonctionnement

Qui est responsable de l’application du programme ou de la loi?

Durant les premières années d’activités du programme, une seule thérapeute était responsable de l’application du programme. Désormais, plusieurs thérapeutes dispensent le programme dans les différentes régions3. Le programme est offert en partenariat avec les services sociaux, la police, les tribunaux et le système de justice1.

Population visée
Population générale
Autochtones
Détails concernant la population visée

Critères d’inclusion1,3,4 :

  • Être autochtone ou non ;
  • Avoir subi ou commis des violences sexuelles au sein de sa famille ;
  • Avoir été victime de négligence et/ou de maltraitance (individus et familles avec enfants de 18 ans et moins) ;
  • Résider près ou au sein des communautés de Hinton, Jasper, Edson et Grande Cache.

Critères d’exclusion3 :

  • « The program does not typically accept individuals whose sexual offenses are non-familial in nature or those individuals who have been identified as high risk individuals and who engage in predatory types of offending behaviours »3.
Fonctionnement du programme, de la loi ou de l’organisme

Référencement et évaluation d’admission

Pour participer au programme, les individus peuvent être référés par les tribunaux, les Services à l’enfance, la Gendarmerie royale du Canada (GRC), les services sociaux et les organismes communautaires. De plus, tout citoyen peut également demander à participer au programme1.

Suivant la prise de contact, une évaluation d’une durée de 2 à 3 mois est réalisée à l’externe afin de déterminer si l’individu est un agresseur régressif et s’il est admissible à participer au programme. Le cas échéant, l’individu doit accepter de participer au processus de traitement et la famille doit aussi accepter que le contrevenant entreprenne le programme plutôt qu’il purge une peine de prison. Les cas d’agressions remontant à plusieurs années et les familles n’ayant plus de contacts avec le contrevenant (disparu, décédé, etc.) sont également acceptés. Le programme peut aussi impliquer les membres de la famille élargie1.

Le programme s’assure de tenir compte des aspects historiques, culturels et spirituels de la vie des participants. Peu importe la culture de ce dernier, celle-ci est respectée1. Dans le cas des participants autochtones, si ceux-ci le souhaitent, des Aînés peuvent offrir un volet lié à la culture traditionnelle1,2.

Déroulement du programme

Suivant l’admission au programme, un plan de traitement individuel et familial est créé1. Dans le cadre du programme, la première étape consiste à répondre aux besoins individuels de chaque participant (victime, contrevenant et autres membres de la famille) par l’entremise de rencontres individuelles avec la thérapeute du programme. Lors de ces rencontres, les aspects spirituels, affectifs, mentaux et physiques sont abordés1. En plus de la thérapie individuelle, des thérapies de groupe débutent également. La victime joint un groupe de victimes tandis que le contrevenant joint un groupe de contrevenants2.

Les groupes se rencontrent une fois par semaine pour une durée de trois à six heures. Après quelques séances, la thérapie en couple débute. Au départ, celle-ci ne comprend pas la victime et l’agresseur (la victime sera jumelée avec un autre membre de la famille tandis que le contrevenant sera jumelé avec les frères/sœurs de la victime et son/sa partenaire). Lorsque la victime est prête, des séances en dyade avec l’agresseur peuvent débuter. Les thérapies sont d’une durée de 20 à 25 heures par mois. Par ailleurs, bien qu’il soit plus gagnant que tous les membres d’une famille participent, ceux-ci n’y sont toutefois pas contraints1.

Pendant la période de traitement, le contrevenant n’habite plus avec sa famille par mesure de sécurité, mais, si elle l’accepte, le contrevenant peut y retourner graduellement, en commençant par de brèves visites. Celles-ci débutent habituellement 11 mois après le début du programme et se poursuivent jusqu’à ce que la famille soit prête à entamer l’étape suivante, soit des visites en soirée, entre 18 h et 22 h. Ensuite, le contrevenant peut rester dormir une nuit. C’est à ce moment que débute la thérapie familiale (qui inclut tous les membres de la famille). Si tout se déroule bien, le contrevenant sera en mesure de réintégrer complètement son milieu familial. Cela se fait habituellement entre le 12e et 13e mois de la thérapie. Vers le 16e et le 17e mois, la thérapeute diminue graduellement ses services jusqu’à ce qu’ils prennent fin complètement vers le 20e mois. Un suivi de 5 ans est offert afin de s’assurer que tout se passe bien au sein des familles1.

Pendant la durée de son traitement, le participant doit tout de même se rapporter à son agent de probation deux fois par mois. Des rapports destinés au tribunal sont produits par la thérapeute et l’agent de probation mensuellement1.

Résultats attendus et observés

Résultats attendus1 :

  • Que le programme soit en mesure de traiter 72 participants par année, soit 12 familles se composant de 6 membres chacune (dans le cas où deux thérapeutes seraient embauché.es) ;
  • Que la majorité des participants soit autochtone et référée au programme par les tribunaux.

Résultats obtenus1,2 :

  • En octobre 2004, « there were 44 active clients, from 14 families. Twenty-nine of the clients were Aboriginal and 15 were non-Aboriginal. There were 23 victims and 11 offenders. Four of the offenders were court-mandated referrals. It is important to note that many of the clients in the program are both victim and offender. There were 5 historical abuse cases and 5 families being treated without the involvement of the offender. Nine families were wait-listed for the program »1.
  • L’évaluation du programme réalisée en 2012 « montre que les personnes ayant participé au programme n’ont pas récidivé »2.
Financement

Le programme obtient son financement du ministère de la Sécurité publique du Canada, de la Waln Foundation for Families and Children, de la GRC, de la Fondation autochtone de guérison, du ministère de la Santé du Canada, de l’Agence de la santé publique du Canada, de Suncor, de la région 7 et 8 du Children’s Service, de Relations autochtones, de la province de l’Alberta et de la nation Aseniwuche Winewak2.

Enjeux

Enjeux ou difficultés dans la mise en œuvre du programme

Le programme a rencontré une certaine opposition concernant son emplacement physique au cours de sa mise en œuvre. Puisqu’il se situait près d’écoles primaires, il a soulevé un mécontentement qui a mené à la mise sur pied d’un comité d’action communautaire protestant le choix de l’emplacement du programme, lequel a été changé1.

Les coordonnateurs du programme souhaitaient offrir des ateliers de sensibilisation en matière d’abus sexuels chez les enfants dans les écoles, ce à quoi le système scolaire s’est opposé, croyant que cela pourrait causer des problèmes, dont de fausses allégations1.

Pendant plusieurs années, le programme comptait seulement une thérapeute en raison du manque de personnel qualifié en milieu rural1.

Évaluation

Existence d’une évaluation

Oui, le programme a fait l’objet de deux évaluations, l’une en 20071 et l’autre en 20124.

Organisme ou personne responsable

La première évaluation a été réalisée par Monica Pauls de l’Institut canadien de la recherche sur le droit de la famille1.

La seconde évaluation a été réalisée par Dr. Patti LeBoucane-Benson et Fiona Hossack et a été financée par Sécurité publique Canada4.

Évaluation indépendante

La première évaluation est indépendante, mais ce n’est pas le cas pour la seconde évaluation1,4.

Méthode d’évaluation

La première évaluation comportait trois volets, soit la documentation de l’initiative, l’analyse de l’évaluation et l’établissement d’une stratégie d’évaluation formative. Afin d’y procéder, les activités de recherches comportaient : des visites (4), des entrevues (22), des rencontres avec des Aînés (3) en lien avec le programme, l’examen de l’information disponible sur le programme et des méthodes de collectes de données utilisées par celui-ci, des travaux avec la thérapeute du programme et les instruments de mesure, une discussion avec le consultant et la création du modèle du programme (contexte, relations communautaires, mesures) et l’établissement d’un modèle de grille d’évaluation1.

La deuxième évaluation comportait des analyses quantitatives et qualitatives, ainsi qu’une méthode d’analyse des coûts et des bénéfices du programme. Les activités de recherches comportaient : une collecte de données sur les participants, une revue de littérature sur les réalités de l’incarcération (les coûts, les endroits, la durée typique des peines, les programmes spéciaux existants), des rencontres (2) avec le directeur du programme sur les caractéristiques, la vision, la nature et les fondements du programme, un groupe de discussion avec le personnel du programme, ainsi qu’une réunion avec deux aînés de la région de Hinton sur les fondements culturels et spirituels du programme4.

Résultats et conclusion de l’évaluation

La première évaluation conclut qu’il n’est pas possible d’émettre de résultats pour le moment (lors de la rédaction du rapport) en raison du nombre limité de participants ayant pris part au programme. Des protocoles et processus plus officiels devaient être mis en place et une base de données devait être créée pour permettre le suivi des progrès des participants1.

La seconde évaluation a démontré que le programme a été un franc succès. Aucun des participants évalués n’a récidivé sur le plan sexuel après avoir terminé le programme. En outre, l’évaluation a souligné des économies significatives réalisées grâce à l’évitement de l’incarcération et la participation à ce programme. Ces économies sont estimées à 4 685 661$ pour 12 participants4.

Références

Références citées
  1. Sécurité publique Canada. (2007). An Evaluation of the Mamowichihitowin Community Wellness Program: Phase 1 Program Description and Logic Model. Gouvernement du Canada. https://www.publicsafety.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/vltn-mmwchhtwn/index-en.aspx
  2. Gouvernement du Canada. (2021). Recueil des pratiques prometteuses visant à réduire la violence faite aux femmes autochtones au Canada et à accroître leur sécurité. https://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/jp-cj/vf-fv/recu-comp/p125.html
  3. Mamowichihitowin. (s. d.). All Working Together. https://www.mcwp.ca 
  4. LaBoucane-Benson, P. et Hossack, F. (2012). The Mamowichihitowin Community Wellness Program: A Cost Benefit Analysis. https://static1.squarespace.com/static/64fa22cc792fd25fa8a2035b/t/654ed355f137782ebb71fdbb/1699664726363/Mamowichihitowin+FINAL+-+Cost+Benefit+Analysis_Jan+2013.pdf
Contact et personne-ressource

Grande Cache

1800 Pine Plaza Road, Grande Cache, AB, T0E 0Y0

Trish Dupuis

Téléphone : 780-827-1648

Courriel : trish@yfcm.ca

Hinton

3-107 Swanson Drive, Hinton, Alberta, T7V 1H1

Edson

4926 1st avenue, Edson, AB, T7E 1V7

Jasper

627 Patricia Street, Jasper, AB, T0E 1E0

Pour les régions de Hinton, Jasper et Edson :

Laura Higgerty

Courriel : referrals@yfcm.ca

Dernière modification
Sep 4, 2024