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Logement d’abord (Housing First) – Canada


Résumé

Depuis les dix dernières années, un changement important au niveau des pratiques et des croyances dans le traitement des personnes en situation d’itinérance s’est produit. Ce changement est passé du « traitement avant le logement » à une croyance et une pratique centrée sur le « logement d’abord », mettant au premier plan l’importance et la nécessité de trouver un logement fixe et sécuritaire. « Logement d’abord » est une approche qui se concentre sur le rétablissement des personnes en situation d’itinérance, en mettant de l’avant l’idée selon laquelle il est plus facile de se prendre en main si le besoin primaire d’être logé est répondu. De plus, cette approche vise à offrir des logements indépendants et permanents à des personnes en situation d’itinérance le plus rapidement possible, sans imposer de conditions préalables.

Thèmes

Hébergement transitoire
Accompagnement et soutien communautaire

Description

Nature / type
Programme
Date d’adoption, de création et d'entrée en vigueur

Le modèle de « Logement d’abord » a été créé par Sam Tsemberis à New York, créateur du programme « Pathway Housing » en 1992. Par la suite, ce modèle s’est répandu au Canada, aux États-Unis et en Europe1,2.

Responsabilité du programme, de la loi ou de l'organisme

« Logement d’abord » est une approche qui sert de modèle à de nombreux programmes axés sur l’importance du logement pour les personnes en situation d’itinérance1. Les organismes choisissant d’adopter cette approche en sont donc responsables.

Lieu
Canada
Complément lieu

Plusieurs programmes reposant sur l’approche « Logement d’abord » sont offerts dans les différentes provinces canadiennes1 : 

  • Calgary, Alberta : Calgary Homeless Foundation (CHF) propose le modèle «Logement d’abord » et utilise une méthode de « systèmes d’intervention » où les services sont intégrés. L’organisation appuie plusieurs programmes qui utilisent cette approche.
  • Calgary, Alberta : Le projet Infinity est un exemple de programme qui suit cette approche et qui cible spécifiquement les jeunes sans-abris. Ce programme met de l’avant l’idée selon laquelle il est primordial d’adapter l’approche à une sous-population spécifique afin de répondre aux besoins concrets de chaque population.
  • Vancouver, Colombie-Britannique : Le programme The Vivian, offert par RainCity Housing and Support Society. Ce programme est dirigé par des femmes et utilise un modèle de logements collectifs. Il respecte les principes de l’approche en prévoyant un modèle de logements de transition. Ce programme vise les femmes travaillant dans l’industrie du sexe et ayant de graves problèmes de santé mentale et/ou d’importants problèmes de toxicomanie et qui quittent les services correctionnels.
  • Hamilton, Ontario : Le programme Transitions to Homes (T2H). Ce programme s’adresse aux hommes sans-abri qui ont recours, depuis longtemps, aux refuges d’urgence afin de les aider à trouver et à conserver un logement abordable et sécuritaire. Ce dernier implique un travail étroitement avec les services de police et les services médicaux d’urgence afin d’intervenir auprès de cette clientèle.
  • Lethbridge, Alberta : Programme proposé par la ville de Lethbridge et Social Housing in Action s’inspire d’autres programmes axés sur cette approche. La ville de Lethbridge a constaté une importante diminution de l’itinérance absolue, ainsi qu’une diminution dans le recours aux refuges1.
  • Victoria, Colombie-Britannique : Le programme Streets to Homes offre l’accès à des logements abordables grâce à son initiative unique de logements publics et privés dans une petite collectivité. Il s’adresse à une clientèle en situation d’itinérance épisodique et chronique ayant des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie.
  • Fredericton, Nouveau-Brunswick : Le Community Action Group on Homelessness mise sur l’approche dans une communauté plus petite et plus rurale, ce qui donne un nouveau point de vue sur un programme en cours d’élaboration.
  • Edmonton, Alberta : Le programme Nikihk Housing First/Homeward Trust est un modèle conçu pour lutter contre la surreprésentation des Autochtones au sein de la population itinérante. Celui-ci intègre des programmes de soutien et d’intervention adaptés aux communautés autochtones, ce qui démontre, une fois de plus, l’importance d’adapter cette approche aux populations visées.

Objectifs

Objectif du programme, de la loi ou de l’organisme

Lutter contre l’itinérance en fournissant un logement autonome et permanent dans les délais les plus brefs et sans condition préalable est l’objectif principal de l’approche du « Logement d’abord ». Une fois le logement trouvé, cette approche vise à offrir une gamme de services de soutien1.

L’approche du Logement d’abord peut être décrite comme une approche centrée sur le rétablissement des personnes en situation d’itinérance. Ses principes fondamentaux comprennent les suivants1 :  

  1. Accès immédiat à un logement permanent pour les personnes en situation d’itinérance, sans exigence préalable de préparation au logement ;
  2. Respect du choix du client et promotion de l’autodétermination ;
  3. Reconnaissance de l’importance du rétablissement dans le processus de soutien ;
  4. Fourniture d’un soutien personnalisé, axé sur les besoins et les objectifs du client ;
  5. Encouragement de l’intégration communautaire et sociale des individus logés.
Initiative du programme, de la loi ou de l'organisme

L’expression « Logement d’abord» a commencé à être utilisée grâce à l’élaboration du programme « Pathways to Housing » à New York et du programme « Beyond Shelter » à Los Angeles. Ce concept a été popularisé par Sam Tsemberis, créateur du programme « Pathway Housing » en 19921.

Assise théorique du programme, de la loi ou de l'organisme

Cette approche repose sur les fondements de la théorie du rétablissement dans le but de mettre fin à la situation d'itinérance. Le processus de rétablissement comprend deux objectifs principaux2 :

  1. Faciliter l'accès rapide à un logement permanent et sécurisé pour les personnes en situation d'itinérance ;
  2. Fournir un soutien personnalisé et des services adaptés aux besoins individuels afin de favoriser la réintégration et la stabilisation de chaque personne concernée.
Conceptualisation de la réinsertion sociale

La réinsertion sociale pourrait passer par le rétablissement de la situation d’itinérance et par l’obtention d’un logement sécuritaire et permanent.

Moyens utilisés pour atteindre la réinsertion sociale

La réinsertion sociale est atteinte en:  

  1. Rétablissant les personnes en situation d'itinérance en comblant leur besoin fondamental de logement sécuritaire ;
  2. Fournissant des services et un soutien en matière de santé mentale et physique, de toxicomanie, d'éducation et d'emploi ;
  3. Favorisant l'engagement des individus au sein de la communauté tout en les aidant à sortir de la situation d'itinérance.

Fonctionnement

Qui est responsable de l’application du programme ou de la loi?

Étant donné qu’il s’agit d’une approche, les organismes communautaires travaillant avec des populations en situation d’itinérance peuvent se référer à celle-ci pour élaborer des programmes qui l’adoptent comme méthode d’intervention. Ainsi, à l’origine, cette approche a été proposée par la Calgary Homeless Foundation (CHF).

Le concept du « Logement d’abord » représente une philosophie qui peut guider une organisation ou une communauté engagée dans la lutte contre l’itinérance3. De plus, cette approche peut être spécifiquement considérée comme un programme lorsqu’elle est mise en œuvre en tant que modèle de prestation de services fournis par une agence ou un organisme gouvernemental2.

Population visée
Population générale
Personnes en situation d’itinérance
Détails concernant la population visée

Critères d’inclusion1 :

  • Être une personne en situation d’itinérance (famille, personne en situation d’itinérance chronique et personne ayant des problèmes de santé mentale et de toxicomanie).

Les personnes en situation d’itinérance épisodique ou chronique représentent les deux catégories les plus visées par cette approche2. Ces personnes sont plus vulnérables et ancrées dans la vie de rue. Leurs besoins sont plus complexes, et elles peuvent présenter des problématiques de santé mentale, physique, de toxicomanie et/ou être en situation de handicap. Leurs besoins en matière de services et de soutien sont donc plus importants1.

Il n’y a pas de critères d’exclusion particuliers pour cette approche1.

Fonctionnement du programme, de la loi ou de l’organisme

Cette approche est mise en œuvre à travers une intervention ou une approche ciblée comprenant les étapes suivantes1 :

  1. Proposer aux personnes en situation d’itinérance une option de logement locatif abordable et raisonnable dans leur communauté, sans condition liée à leurs mode de vie, comportement ou traitement spécifique ;
  2. Accorder aux personnes la possibilité d’exprimer leurs préférences quant au type et à l’emplacement du logement, en tenant compte des contraintes et des disponibilités des logements proposés ;
  3. Veiller à ce que les logements offerts présentent une qualité raisonnable ;
  4. Procéder au logement des personnes dans les délais les plus brefs possibles ;
  5. Fournir de manière continue des services et un soutien en matière de santé mentale, de santé physique, de toxicomanie, d’éducation et d’emploi aux personnes qui en ont besoin et qui souhaitent y participer.
Résultats attendus et observés

Les résultats attendus de cette approche sont les suivants1 :

  1. Amélioration de la qualité de vie des personnes en situation d'itinérance et de précarité ayant des besoins multiples ;
  2. Réduction progressive de leur dépendance aux services disponibles au fil du temps.
Coûts liés au programme ou à l’organisme

Diverses études ont conclu que l’approche traditionnelle de lutte contre l’itinérance engendre des coûts considérables et qu’il serait plus économique de fournir un logement et un soutien aux personnes en situation d’itinérance1.

Par exemple, les coûts mensuels moyens pour héberger des personnes sans abri s’élèvent à 1937 $ pour un lit dans un refuge, à 4333 $ dans une prison provinciale et à 10 900 $ pour un lit d’hôpital. En comparaison, les suppléments de loyer pour la ville de Toronto s’élèvent à 701 $ par mois, tandis que les logements sociaux coûtent en moyenne 199,92 $ par mois1.

Investir dans cette approche permettrait de réaliser des économies annuelles de 22 000 $1. Ces chiffres mettent en évidence la rentabilité potentielle d’allouer des ressources pour fournir un logement stable aux personnes en situation d’itinérance, plutôt que de supporter les coûts élevés associés à des services temporaires tels que les refuges, les prisons ou les hôpitaux.

Financement

Le gouvernement du Canada finance cette approche.

À la suite du renouvellement de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance en mars 2013, un engagement financier de 119 millions de dollars était compris dans cette entente1.

Implantation
Mars 2013

La Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance a été renouvelée par le gouvernement du Canada mettant l’approche des programmes « Housing first » au centre de celle-ci1.  

2022

Le gouvernement fédéral belge a octroyé un budget important afin d’implanter cette approche dans la gestion des situations d’itinérance3.

Enjeux

Enjeux ou difficultés dans la mise en œuvre du programme

Il est impératif d'adapter cette approche en fonction de la clientèle spécifique visée. Il n'est pas suffisant de simplement prendre le modèle existant et de l'appliquer tel quel à un programme. Il est essentiel de l'adapter en fonction des besoins de la population ciblée, de sa culture, des réalités géographiques (qu'il s'agisse d'une zone rurale ou urbaine) ainsi que des différentes communautés concernées. Cette adaptation permet de tenir compte des particularités locales, des ressources disponibles et des caractéristiques propres à chaque contexte, afin d'optimiser l'efficacité et la pertinence de l'approche dans chaque situation spécifique.

Évaluation

Existence d’une évaluation

Oui, l’approche a été évaluée à de nombreuses reprises.

Mené de 2003 à 2013, le projet At Home/Chez Soi représente l'une des initiatives majeures visant à renforcer l'adoption de cette approche et à opérer un changement de paradigme en ce qui concerne la gestion des situations d'itinérance1. Il s’agit d’une évaluation financée par la Commission de la santé mentale du Canada2.

Organisme ou personne responsable

La Commission de la santé mentale du Canada est l’institution responsable de l’évaluation produite par le projet At Home/Chez soi.

Plusieurs chercheurs se sont penchés sur l’efficacité de cette approche en la comparant, souvent, à l’approche « Traitement d’abord » (Pathway).

  • Nolin et Jetté (2014) ont mené une étude qualitative sur l’interdépendance du logement et des services avec l’approche « Logement d’abord »4.
Évaluation indépendante

Oui et non.

Outre la Commission de la santé mentale du Canada, de nombreux chercheurs et auteurs ont procédé à l’évaluation de cette approche dans des publications scientifiques.

Par ailleurs, le gouvernement du Canada a effectué une évaluation des deux premières années du cycle de financement pour la période 2014-2019, intégrant l’approche du « Logement d’abord » au sein de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance5.

Méthode d’évaluation

Le projet At Home/Chez Soi, une évaluation menée par la Commission de la santé mentale du Canada1,2, a mis en place une étude randomisée contrôlée où 1000 personnes ont bénéficié d’un traitement basé sur l’approche du « Logement d’abord », tandis que 1000 autres ont reçu un traitement habituel.

De plus, le gouvernement du Canada a évalué cette approche dans le cadre d’une évaluation plus large de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance5.

Dans une étude qualitative réalisée par Nolin et Jetté (2014), les chercheurs ont examiné l’interdépendance entre les conditions de logement et les services de réinsertion sociale en santé mentale, en se basant sur l’implémentation de l’approche du « Logement d’abord » dans une petite ville canadienne4.

Résultats et conclusion de l’évaluation

Les principales conclusions de l’évaluation réalisée dans le cadre du projet At Home/Chez Soi sont les suivantes1,2 :

  • L’approche du « Logement d’abord » a un impact positif sur la stabilité du logement ;
  • Cette approche réduit le nombre de visites inutiles aux services d’urgence et les hospitalisations évitables ;
  • Elle peut améliorer la santé physique et mentale, tout en stabilisant ou en réduisant les symptômes de dépendance ;
  • Elle diminue les interactions des clients avec les forces de l’ordre et le système de justice pénale ;
  • Elle améliore la qualité de vie des personnes concernées.

Par ailleurs, l’évaluation menée par le gouvernement du Canada a abouti aux conclusions suivantes5 :

  • Les données indiquent qu’au cours d’une année d’évaluation, plus de 6 000 personnes ont été placées dans des logements stables. Parmi elles, 33 % ont obtenu un logement permanent dans les 30 jours et 20 % ont été placées dans un délai de 31 à 60 jours ;
  • Parmi les participants encore présents dans le programme au moment de l’évaluation, environ 60 % disposaient d’un logement stable après 6 mois (pour la période 2014-2015), et ce chiffre atteignait 77 % pour la période 2015-2016 ;
  • Après 1 an, 41 % des clients ayant bénéficié de l’approche du « Logement d’abord » occupaient un logement stable, tandis que 43 % avaient quitté le programme avec succès.

L’ensemble des études menées aux États-Unis, au Canada et en Europe s’accordent sur le succès de cette approche, la qualifiant même de « la meilleure pratique »1,2.

Futur du programme

L’application de cette approche persiste dans les pratiques visant à adresser les situations d’itinérance. En plus de son application au Canada, cette approche est également mise en œuvre dans divers pays, tels que les États-Unis8,9 et certains pays européens, dont la Belgique3,6.

Références

Références citées
  1. Gaetz, S., Scott, F. et Gulliver, T. (dir.). (2014). Approche Logement d’abord au Canada : Appuyer les collectivités pour mettre fin à l’itinérance. Canadian Homelessness Research Network Press.
  2. The Homeless Hub - Housing First  
  3. La Libre, Juillet 2022, https://www.lalibre.be/belgique/politique-belge/2022/07/15/sans-abrisme-le-gouvernement-libere-10-millions-deuros-pour-des-projets-de-housing-first-I2E2W2W3WZALLCL2EF6FH2J6NE/
  4. Nolin, D., & Jetté Jonathan. (2014). Interdépendance du logement et des services : une étude qualitative sur l’interdépendance des conditions de logement et des services pour la réinsertion sociale en santé mentale, avec une approche logement d’abord implantée dans une petite ville canadienne. Canadian Journal of Community Mental Health33(4), 107–124. https://doi.org/10.7870/cjcmh-2014-033 
  5. Gouvernement du Canada - Évaluation de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance
  6. Comité économique et social européen, Août 2022, https://www.eesc.europa.eu/fr/agenda/our-events/events/vers-un-cadre-europeen-de-lutte-contre-le-sans-abrisme-fonde-sur-le-principe-du-housing-first.
  7. Clifasefi, S. L., Malone, D. K. et Collins, S. E. (2013). Exposure to project-based Housing First is associated with reduced jail time and bookings. International Journal of Drug Policy, 24(4), 291‑296. https://doi.org/10.1016/j.drugpo.2012.10.002
  8. Clifasefi, S. L., Collins, S. E., Torres, N. I., Grazioli, V. S. et Mackelprang, J. L. (2016). Housing first, but what comes second? A qualitative study of resident, staff and management perspectives on single-site housing first program enhancement. Journal of community psychology, 44(7), 845‑855. https://doi.org/10.1002/jcop.21812 
  9. Waegemakers Schiff, Jeannette; Rook, John (2012). Housing first - Where is the Evidence? (Toronto: Homeless Hub)  https://www.homelesshub.ca/sites/default/files/HousingFirstReport_final.pdf
Contact et personne-ressource

Edmonton, Alberta : Le programme Nikihk Housing First/Homeward Trust

Fredericton, Nouveaux-Brunswick : Le Community Action Group on Homelessness

Victoria, Colombie-Britannique : Le programme Streets to Homes

Lethbridge, Alberta : Programme proposé par la ville de Lethbridge et Social Housing in Action

Hamilton, Ontario : Le programme Transitions to Homes (T2H)

Vancouver, Colombie-Britannique : Le programme The Vivian

Calgrary, Alberta : Le projet Infinity

Calgary, Alberta : Calgary Homeless Foundation (CHF)

Dernière modification
Jun 26, 2023